MERCEDES-MAYBACH S 680 : UNE ALLEMANDE QUI VEUT CONCURRENCER ROLLS-ROYCE

ESSAI – Pour certains, le luxe de la Mercedes-Benz Classe S ne suffit pas. Alors la marque à l’étoile a développé une version encore plus opulente de sa limousine, badgée Maybach. Celle-ci peut tutoyer Rolls-Royce, grâce à l’ultime V12 produit par le constructeur allemand.

Au tournant du XXIe siècle, les constructeurs allemands ont rivalisé de gigantisme. Concomitamment, le Groupe Volkswagen rachetait Bentley et BMW s’offrait Rolls-Royce. Sans doute piqué au vif de n’avoir pas mis la main sur une de ces enseignes mythiques, Mercedes-Benz fouillait son passé pour mettre lui aussi un pied dans le grand luxe. Ainsi est ressorti des limbes le blason Maybach, célèbre pour avoir motorisé les dirigeables Zeppelin… En 2002, Mercedes jetait dans les roues de ses rivaux le duo Maybach 57 et 62, deux berlines d’apparat dont le matricule signifiait la longueur, de respectivement 5,70 m et 6,20 m. Face à un accueil tiède, l’aventure s’est arrêtée en 2013, sans remplaçante directe.

Maybach n’a pas pour autant totalement disparu. Accolé au nom de Mercedes, ce label désigne désormais les exécutions les plus luxueuses de certains modèles, à commencer par la Classe S. Il est impossible de confondre une version Maybach avec une simple « Benz ». Celle-ci dispose d’une carrosserie spécifique allongée : la limousine atteint 5,47 m, pour un empattement gigantesque de 3,40 m. Soit 29 cm de plus que la Mercedes-Benz Classe S standard, et 18 cm de plus que la version allongée de cette dernière.

Une somptueuse limousine rivale des Bentley et Rolls-Royce

L’impact visuel de cette limousine est certain. Face à une Bentley Flying Spur ou une Rolls-Royce Ghost, conçues dès le départ autour d’un châssis d’une longueur démesurée, elle ne parvient pas totalement à s’affranchir de son allure de berline rallongée. Mais les cadres de vitres et le montant central en aluminium poli parviennent à dissimuler l’empattement. La peinture bicolore (une option à 18.600 €) dont la découpe soulignée d’un filet chute légèrement vers la poupe, allège le volume. La vue de trois-quarts arrière est simplement majestueuse. Les passants s’interrogent… « Il y a l’étoile Mercedes, mais on dirait une Rolls ». L’opulence est manifeste, les stylistes ont réussi leur mission.

Le mobilier est repris de la Classe S, avec des matériaux encore plus nobles. Crédit: Nicolas Meunier/Challenges

C’est à bord que l’on goûte le mieux une Maybach. Évidemment, le mobilier est repris de la Classe S, mais les matériaux nobles rehaussent le standing : cuir de la plus belle qualité, ronce de noyer généreusement vernie… A côté de cela, les trop nombreuses pièces en plastique noir brillant détonnent. Et l’éclairage d’ambiance un peu kitsch n’a pas la classe du toit étoilé d’une Rolls-Royce. Mais quel confort à l’arrière !

Conçue pour ceux qui s’offrent les services d’un chauffeur, cette limousine permet de s’allonger comme dans un fauteuil d’avion en classe business. Une tablette tactile à portée de main permet de choisir les différents programmes de massage, dont un aux pierres chaudes. Idéal, pendant qu’on sirote du champagne (tenu à température dans le frigo de bord) dans une des coupes en métal, qui trouvent leur place dans la console centrale.

Aux places arrière, l'espace est gigantesque, et le confort opulent. Crédit: Nicolas Meunier/Challenges

Evidemment, cette Mercedes-Maybach assure un confort de tout premier plan. L’insonorisation déjà excellente sur les autres Classe S est renforcée par un système de réduction des bruits via les haut-parleurs. La suspension fait tout son possible pour isoler l’habitacle de la route… Avec tout de même certaines limites. Les jantes de 21 pouces de notre modèle d’essai, chaussé de pneus Pirelli P Zero, laissaient filtrer quelques raccords de bitume et laissaient remonter un léger murmure au niveau des passages de roues arrière. Mieux vaut sans doute choisir la monte inférieure de 20 pouces. Également, quelques légers tremblements de structure sont sensibles sur mauvaises routes, rançon de l’allongement de l’empattement, qui affecte la rigidité.

Pas de suspension à contrôle électronique avec le V12

Peut-être ces quelques perturbations proviennent-elles de certains choix liés à la configuration de notre exemplaire d’essai. Le diamètre des jantes, certes, mais aussi l’absence de la suspension à pilotage électronique, lié à une caméra qui lit le relief de la route. Cette suspension, qui représente le summum de la technologie chez Mercedes est disponible avec la S 580, animée par un V8… Mais il serait criminel de ne pas choisir la Mercedes-Maybach S 680, puisque celle-ci est animée par le dernier V12 produit par la marque allemande. Sauf qu’avec celui-ci, point de suspension E-Active Body Control.

Le confort est excellent, même si les jantes de 21 pouces génèrent quelques petites trépidations. Crédit: Nicolas Meunier/Challenges

Alors que BMW, Audi et Bentley ont récemment délaissé les moteurs à 12 cylindres, la présence d’une telle mécanique sous le capot de la Mercedes-Maybach S 680 assoit assurément son standing. L’agrément est remarquable. Au démarrage, le feulement aussi noble que feutré ne se fait entendre que si on ouvre la vitre. Le silence et la douceur sont tels que l’on a la plupart du temps l’impression de conduire une voiture électrique. Le couple de 900 Nm, phénoménal, permet de démarrer sur le second rapport pour éviter les à-coups, dans le mode de conduite Maybach, qui se veut le plus confortable.

Une mécanique d’exception

Il est facile de mener cette limousine sur un filet de gaz. La direction, linéaire et démultipliée, permet de dessiner des trajectoires au millimètre. Malgré la longueur, le gabarit reste facile à appréhender. Mais on sera inspiré de choisir l’option d’un système à quatre roues directrices pour faciliter les évolutions en ville.

Cette limousine est la dernière Mercedes à recevoir un moteur V12. Crédit: Nicolas Meunier/Challenges

Cette limousine qui affiche une docilité exceptionnelle à faible vitesse dévoile un tempérament étonnant dès lors qu’on écrase l’accélérateur. On imaginait que le V12 biturbo afficherait une force inépuisable, en ligne avec sa cylindrée importante de 5.980 cm3 et sa puissance, qui s’élève à 612 ch. La surprise vient de son absence totale d’inertie : l’aiguille du compte-tours grimpe avec une célérité étonnante, et une sonorité presque sportive, quoique lointaine. La consommation est en ligne avec le pedigree : 11 l/100 km sur autoroute, 15 l/100 km sur route, 20 l/100 km en ville.

Une limousine extrêmement stable

Le tempérament bien trempé de ce moteur ne donne toutefois guère envie de bousculer cette noble limousine. La Mercedes-Maybach S 680 sait aller vite. Son comportement apparaît stable et rassurant en toutes circonstances. A plus de 200 km/h sur les autoroutes allemandes, elle file comme sur un rail. Mais cette efficacité assez étonnante pour un monument de 2.365 kg n’est là que pour une raison : lui servir à échapper aux paparazzi qui voudraient pointer leur objectif indiscret vers les personnalités confortablement lovées à l’arrière.

Contrairement à une Bentley Flying Spur Speed, il n’y a aucune velléité sportive là-dedans. La marque de Crewe a remporté les 24 Heures du Mans à cinq reprises. Le principal fait d’armes de Maybach est d’avoir motorisé d’immenses ballons dirigeables dont l’allure atteignait au maximum 135 km/h. L’exploit est à souligner, mais la philosophie est différente.

La peinture bicolore est une option à 18.500 €. Elle souligne la majesté du profil. Crédit: Nicolas Meunier/Challenges

On aurait pu craindre que la Mercedes-Maybach S 680 ne parvienne pas à se détacher suffisamment de la Classe S dont elle dérive. C’est certes vrai par son profil qui manque un peu de pureté par rapport à ses rivales, ou le trop plein de plastiques à bord. Mais la présence d’un splendide V12 suffit à la placer au sommet de la hiérarchie automobile. Les Britanniques restent indubitablement supérieurs en matière de berlines de grand luxe.

La Bentley Flying Spur Speed est tout aussi confortable, mais plus rapide. La Rolls-Royce Ghost, est encore plus feutrée et exclusive. Mais la première est en train de quitter le catalogue et aucune des deux n’offre un espace aux jambes aussi indécent. Maybach mérite donc sa place parmi les marques de grand luxe, et le fait payer. A motorisation équivalente, une Mercedes-Maybach réclame 62.100 € de plus qu’une Mercedes-Benz Classe S. Quant au V12, il impose un supplément de 46.000 € par rapport au V8. Cela fait grimper l’addition à 250.351 € hors options. Notre modèle d’essai dépassait les 300.000 €.

Mercedes-Maybach S 680
  • Habitabilité royale
  • Moteur fantastique
  • Technologie embarquée
  • Facilité de conduite
  • Manque d’image ?
  • Quelques vibrations
  • Un peu trop de plastique à bord
  • Profil moins pur qu’une Bentley
  • Confort4/5
  • Comportement routier4/5
  • Aspects pratiques4/5
  • Performances4/5
  • Qualité de présentation4/5
  • Consommation2/5
  • Prix/équipements3/5

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