MALGRé LA CHUTE DES VENTES DE DACIA, RENAULT PROGRESSE PLUS VITE QUE STELLANTIS EN FRANCE

Renault continue sa « remontada » commerciale. Portée par le succès de la Clio hybride et du SUV Austral, la marque au losange a tiré son épingle du jeu au mois d'avril en enregistrant une hausse de 12,1% des immatriculations. Un rythme supérieur à celui du marché français, en progression de 10,9% le mois dernier, grâce à deux jours ouvrés supplémentaires par rapport à avril 2023.

Fin du bonus pour la Dacia Spring

Comprenant également Alpine et Dacia, le groupe Renault ne progresse que de 4,5% en raison de la chute de 8,6% essuyée par sa filiale low cost, dont les ventes de la Spring, fabriquée en Chine, sont pénalisées par la fin du bonus écologique réservé depuis janvier aux véhicules fabriquées en Europe. Pour autant, la baisse de régime de la filiale roumaine n'a pas empêché le groupe de rafler 26% du marché français et de talonner e le géant franco-italo-américain Stellantis (26,2%), dont les immatriculations ne progressent que de 2,6% sur un an, dans l'attente du lancement de nouveaux modèles à forts volumes comme les Peugeot 3008 et Citroën C3. Si Peugeot évolue dans le vert (+6,6%), Citroën (-14%) et DS (-36,4%) pèsent sur la moyenne.

En mars, l'écart était plus important. Le taux de pénétration de Renault était de 25,6% contre 30,5% pour Stellantis.

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Toyota explose les compteurs

Premier importateur, le groupe Volkswagen dépasse les 15% du marché en avril, fort d'une hausse de 17,8% de ses immatriculations, notamment dopée par Skoda (+32,9%). Mais cette progression fait pâle figure à côté de celle de Toyota (+81,8%), quatrième du classement avec 8,7% de part de marché. La Yaris et sa version SUV Cross se placent dans le « top 10 » des meilleures ventes 2024. La fortune du groupe japonais épouse aussi celle de la progression des voitures hybrides dont il est le spécialiste historique. Celles-ci ont séduit 37,2% des clients depuis début 2024, une hausse de 6,1 points sur un an, ravissant la première place aux automobiles à essence (33,1%, -5,8 points). Anciennes stars du marché, les diesel n'en détiennent plus que 7,6%. Alors qu'il s'écoule autant de SUV que de berlines (46% pour chaque catégorie, le solde étant surtout composé de breaks), la voiture la plus vendue depuis janvier est la Peugeot 208 (6,2% du total), suivie de la Renault Clio (5,2%) et de la Dacia Sandero (4,9%).

17% d'immatriculations de voitures électriques

Au total, près de 147.000 voitures particulières neuves ont été immatriculées en avril, dont 17% d'électriques, a précisé la Plateforme automobile (PFA) qui regroupe constructeurs et équipementiers français. Mars, avec deux jours ouvrés de moins qu'un an plus tôt, avait été marqué par le premier repli des immatriculations sur un mois d'une année sur l'autre depuis 2021 (-1,47%).

En avril, « sans les deux jours supplémentaires, le marché aurait été égal à celui de l'année dernière », explique à l'AFP François Roudier, responsable de la communication de la PFA, pour qui la tendance générale est au « tassement », loin des chiffres d'avant la crise sanitaire. « Un mois d'avril avant le Covid, c'était plus de 160.000 voitures », a-t-il souligné. La croissance à deux chiffres d'avril permet néanmoins au marché de dégager une progression de 6,95% depuis le début de l'année. Pour la suite, François Roudier réserve son pronostic, étant donné les incertitudes économiques et des « ventes aux professionnels compliquées ».

Stimulées par le « leasing social », les immatriculations de voitures électriques atteignent 18% du marché sur les quatre premiers mois de l'année, soit un point de plus que la moyenne de tout 2023. Mais les professionnels en achètent toujours peu (35% du total environ).

Voitures électriques en entreprise : report d'un texte clivant à l'Assemblée

Faut-il donc forcer les entreprises à acheter des voitures électriques ? A peine entamée ce mardi à l'Assemblée nationale, l'examen d'une telle proposition de loi a été reporté à une date ultérieure faute de temps. Ce texte, qui divise la majorité, pourrait être réinscrit à l'ordre du jour après les élections européennes du 9 juin. Un soulagement pour certains élus du camp présidentiel qui redoutaient la tenue de ce débat sensible avant le scrutin.

Mardi soir, seuls le rapporteur Renaissance Damien Adam et le ministre des Transports Patrice Vergriete ont pu s'exprimer. Prudent, le gouvernement a salué un « pas dans la bonne direction », tout en réclamant un « équilibre global » et « acceptable » dans ce texte.

Les 3.500 entreprises qui gèrent un parc de plus de 100 véhicules sont tenues depuis 2019 de commander des quotas de véhicules à faibles émissions quand elles renouvellent leurs flottes. Elles doivent ainsi devancer l'interdiction à la vente des véhicules thermiques neufs en 2035. Mais cette obligation (10% de véhicules à faibles émissions en 2022) n'a été respectée que par un tiers de ces grandes entreprises, faute de sanctions, et avec des voitures électriques encore chères à l'achat.

La proposition de loi du député Damien Adam (Renaissance) voudrait « accélérer et contrôler le verdissement » de ces flottes, essentielles parce qu'elles irriguent ensuite le marché de l'occasion. Il faut selon lui « arrêter le "stop and go" » sur l'électrification des véhicules et « offrir une trajectoire sanctuarisée ».

Levée de boucliers

Son texte a provoqué une levée de boucliers de la part de plusieurs professions, comme les loueurs de courte durée. Ils estiment qu'ils ne peuvent pas s'électrifier aussi vite que les particuliers et que ce saut électrique mettrait leur trésorerie en danger. Lors de son passage en commission, il a déjà été légèrement assoupli. La trajectoire de verdissement a notamment été décalée d'un an (20% de véhicules à très faibles émissions en 2025 plutôt qu'en 2024, puis 30% en 2026, jusqu'à 90% en 2032), et les sanctions atténuées : de 5.000 à 2.000 euros par véhicule manquant en 2025, avant d'augmenter.

Les entreprises de location de courte durée ont également eu droit à une trajectoire plus souple, tandis que les plateformes de VTC et de taxis doivent être traitées dans un décret à part.

En commission, la proposition de loi a été soutenue par Renaissance et par la gauche, et combattue par LR et le RN, qui dénonce de « l'écologie punitive ».

La majorité est quant à elle divisée, à l'image de l'opposition du MoDem Bruno Millienne : « je me refuse à légiférer au doigt mouillé », lance le député centriste. « La trajectoire n'est pas respectée, ça ne marche pas, et on dit que ce qu'on va faire, c'est durcir la trajectoire ».

Chez Horizons, autre allié du camp présidentiel, Vincent Thiébaut est « très mitigé » et souligne le manque de bornes de recharge. « Il faut prendre un peu de recul », avec une « mission parlementaire », suggère-t-il, en doutant de « la volonté du Sénat » de reprendre un tel texte.

« Si des gens de la majorité ont envie de dire qu'ils sont contre l'électrification des voitures, bon courage », a réagi une source au sein du groupe Renaissance.

Parmi les amendements qui devaient être examinés, certains demandent d'aller plus loin dans l'assouplissement de la loi ou d'intégrer d'autres technologies plus polluantes que l'électrique, comme les hybrides rechargeables ou les agrocarburants. D'autres, du côté de Renaissance et de la gauche, voulaient pousser au verdissement des flottes publiques pour des raisons d'exemplarité.

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