VOITURE D’OCCASION : « DEMANDEZ LES DOCUMENTS AVANT DE VERSER L’ARGENT »
Le marché de la voiture d’occasion représente plus de 5 millions de transactions en France. Sur cet ensemble, des fraudes notamment au compteur kilométrique pénalisent certains acheteurs. Voici quelques conseils pour éviter de se faire rouler.
Le taux de compteurs trafiqués en France sur les voitures d’occasions est estimé à 3,3 % en 2023. C’est un bon score à l’échelle européenne mais, en un an, les fraudeurs ont pris confiance. Quand le compteur voyait sa jauge réelle réduite de 35 000 kilomètres en 2022, l’écart constaté cette année entre les annonces et la réalité grimpe à plus de 60 000 kilomètres, selon les calculs de carVertical, entreprise spécialisée dans les données automobiles. Un tel écart équivaut à 5 années de services dans la vie d’une voiture puisque les Français roulent en moyenne 12 000 km par an.
Pour éviter d’être dupé, carVertical propose, « à partir de centaines de fichiers, de bases de données publiques et privées, de passages chez les experts d’assurance, des rapports sur la vie passée du véhicule » repéré, explique Moundyr Gainou, directeur France de l’entreprise lituanienne, créée en 2017. Ce document de quelques pages maximum est facturé entre 17,99 € et 30 € selon les résultats obtenus. Il regroupe un maximum d’informations sur le parcours du véhicule, mais pas sur son ou ses propriétaires. Deux options s’offrent au futur acheteur : il peut renseigner la plaque d’immatriculation ou le VIN, le numéro de série du véhicule. Le second est plus fiable car il passe les frontières… Comme de nombreux véhicules d’occasions sur le marché actuellement.
La Grande-Bretagne et la conduite à droite
« Le danger réside dans les transferts des véhicules », confirme Moundyr Gainou. L’étude de carVertical propose un Indice de Transparence du marché de l’automobile d’occasion. Sans surprise, le pays où il y a le moins de fraudes est la Grande-Bretagne, car le marché est cantonné aux voitures avec une conduite à droite. Pour le reste, l’Allemagne, la Suisse, le Danemark et la France présentent de bas taux de fraude au compteur kilométrique, inférieurs à 4 %.
À l’opposé, les arnaques sont plus courantes après des passages dans les pays où les importations et les véhicules de seconde main sont la norme comme la Lituanie, la Roumanie et la Pologne. Leur taux de compteurs trafiqués dépasse bien souvent les 8 %, avec des écarts pouvant atteindre 80 000 kilomètres.
Que faire avant d’acheter sur Le Bon coin
Plus de 5 millions d’occasions se vendent en France chaque année. Si vous avez prévu d’acheter un véhicule sur Le Bon coin dans les prochains mois, il est essentiel de rassembler un maximum d’éléments. « Demandez la carte grise, les numéros de série, les factures d’entretien et essayez si possible d’acheter auprès d’un professionnel, liste Moundyr Gainou. Et, n’hésitez pas à demander les documents avant de verser l’argent. »
En cas de doute, et si vous ne voulez pas débourser quelques dizaines d’euros pour cela, le ministère de l’Intérieur propose gratuitement le service Histovec. Mis en place en 2019, il recense les informations remontées des centres de contrôle technique, notamment le kilométrage. Sa consultation est libre à partir de la plaque d’immatriculation.
Il livre en outre la date de première mise en circulation, les changements de propriétaire, les sinistres ayant donné lieu à une procédure de réparation contrôlée par un expert, la situation administrative du véhicule (gage, opposition, vol) et les caractéristiques principales comme la marque la couleur ou la puissance. Par contre, les passages chez un garagiste passent entre les mailles du filet.
Enfin, si vous vous êtes fait arnaquer lors de l’achat de votre nouveau véhicule, des recours devant les tribunaux existent. De fortes sanctions sont même prévues par le Code pénal pour fraude ou escroquerie.
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