VOITURE éLECTRIQUE : DéMARCHE, PRIX, AIDES, COMMENT INSTALLER UNE BORNE DE RECHARGE CHEZ SOI ?

Au moment de passer à la voiture électrique, l’installation d’un moyen de recharge peut soulever plusieurs questions. Comment faire si je vis en copropriété ? Faut-il opter pour une borne ou une prise renforcée ? Comment bien choisir mon installateur ? On fait le point.

Le nombre d’automobilistes basculant du thermique vers l’électrique ne cesse d’augmenter. Si bien qu’une voiture vendue sur quatre en 2023 se branche sur une prise. Les véhicules tout électriques ont effectivement représenté 16,8 % des nouvelles immatriculations, 9,2 % pour les hybrides rechargeables. Mais pour les conducteurs qui passent ou s’apprêtent à franchir le cap de l’électrique, il est une question à ne pas négliger. Celle du moyen de recharge.

S’il est possible de recharger son véhicule à son travail (si l’employeur a mis en place des bornes), sur des bornes publiques, chez un concessionnaire ou encore sur le parking d’un supermarché, le plus commode reste d’avoir sa propre borne. Mais en faire installer une n’est pas si évident : « Ça ne se fait pas comme ça du jour au lendemain », affirme Sandrine Henry, déléguée générale de l’Avem (Association pour l’avenir du véhicule électro-mobile). L’affaire peut être un casse-tête économique (quelles aides et comment en bénéficier ?) ou logistique (comment faire si je vis en copropriété ?). Voici tout ce qu’il faut avoir en tête pour réussir l’installation de sa borne.

Borne de recharge ou prise renforcée ?

C’est la première question à se poser si vous souhaitez mettre un dispositif de recharge chez vous. Et la réponse dépend de votre usage. La principale différence entre une borne et une prise renforcée est leur puissance de recharge. « Une prise renforcée s’adapte au courant qui passe dans une prise classique, même si elle améliore légèrement sa puissance », note Sandrine Henry de l’Avem. Ainsi, sa puissance peut atteindre 3,2 kW. Cela signifie qu’en une heure, la batterie de votre véhicule rechargera d’en moyenne 3 kilowatts. « Sachant qu’il vous en faut en moyenne 17 pour rouler 100 kilomètres, il faudra laisser la voiture charger plus de 5 heures pour bénéficier d’une telle autonomie », illustre la spécialiste.

Une borne domestique classique raccordée en monophasé atteint généralement une puissance de plus de 7 kW. Celles en triphasé, que l’on retrouve d’habitude sur voirie mais qu’il est possible de faire installer chez soi si le compteur électrique le permet, peuvent atteindre les 22 kW. Une telle solution permet donc de recharger sa voiture de plus de deux à sept fois plus vite qu’avec une prise renforcée. « Généralement, la prise renforcée est le premier réflexe. Le particulier se dit que c’est le plus simple dans un premier temps, et qu’il verra à l’usage si une meilleure puissance est nécessaire », déclare Sandrine Henry.

La déléguée générale de l’Avem (association ayant vocation à sensibiliser, informer, former et mettre en valeur le secteur de l’électro-mobilité) met toutefois en garde contre une pratique courante. « Beaucoup se branchent directement sur une prise classique. Certes, cela a l’avantage de ne nécessiter aucun coût d’installation ou de travaux. Mais c’est déconseillé car cela peut créer un échauffement au niveau de la prise ». Il est donc recommandé de mettre a minima une prise renforcée.

Installer une prise renforcée : choix et coût

Dans la mesure où elle se fixe directement sur une prise classique, l’installation d’une prise renforcée est bien moins complexe que celle d’une borne de recharge qui peut nécessiter quelques travaux. C’est aussi moins onéreux. Il faut donc commencer par choisir son modèle. Les moins chères comme celles des constructeurs Bals ou Mennekes commencent à 35 €. Plus elle est sophistiquée, avec un design travaillé ou une meilleure rapidité de recharge, plus le prix monte. Ainsi pour en moyenne 150 € on peut s’en procurer une tout à fait convenable.

Un coût auquel il faut tout de même ajouter celui de son installation. Il n’est pas impossible de l’effectuer soi-même : « Si vous êtes un peu électricien du dimanche, vous trouverez les informations nécessaires. Mais il est toujours mieux de passer par un installateur qualifié IRVE (Infrastructure de Recharge de Véhicule Électrique). Vous êtes sûr qu’il va bien vérifier la puissance disponible de votre logement, les câblages, vous installer la prise proprement », affirme Sandrine Henry de l’Avem.

Au total selon elle, en comptant le matériel et la main-d’œuvre, l’installation d’une prise renforcée chez soi peut coûter en moyenne 400 €. Aucune aide de l’État n’est en revanche fournie pour cela. Et à ce coût, il faudra bien sûr ajouter celui de sa consommation électrique, qui sera moindre par rapport à une borne : en effet, qui dit puissance de recharge plus importante, dit aussi facture électrique plus élevée.

En maison individuelle : choisir son installateur

Fixée au mur dans un garage ou à l’extérieur, ou bien scellée au sol. Il existe plusieurs manières de faire installer une borne de recharge électrique chez soi. Tout dépend du modèle et de la puissance souhaités, ainsi que de la disposition de votre habitation : est-ce que vous disposez d’un garage ? Est-il attenant à la maison ?

Du reste, le procédé est relativement similaire à celui pour une prise renforcée : il faut payer la borne et son installation. Toutefois, il est beaucoup plus courant d’acheter sa borne directement via un installateur, alors que pour les prises renforcées, elles s’achètent directement en magasin. Les installateurs proposent généralement des solutions clé en main. Le souci étant qu’il en existe toute une myriade : il n’est pas forcément évident de trouver l’offre qui correspondra le mieux à notre besoin.

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Pour guider ce choix, Sandrine Henry de l’Avem recommande avant tout de vérifier la qualification IRVE d’un installateur. « À partir du moment où la puissance excède 3,7 kW, vous êtes obligés de passer par un électricien IRVE. Si vous ne le faites pas, vous n’êtes pas en conformité avec la législation française ». Sur le site de son association, une liste de 26 installateurs partenaires est référencée. Et un site comme Charge-in permet de comparer les offres d’une cinquantaine d’installateurs.

Parmi les gros installateurs : TotalEnergies, Engie, Izi (filiale d’EDF). Et bien d’autres, moins connus, comme Maneo Énergie, ISIOHM ou ChargeGuru. Il convient donc de faire une petite étude de marché avant de sélectionner son installateur.

En moyenne 1 500 €, amortis par un crédit d’impôt

Lilian Birocheau, directeur général de ChargeGuru, calcule qu’il faut compter en moyenne 1 500 € pour l’achat et l’installation d’une de leurs bornes. « Le devis va tout de même dépendre de la distance entre l’emplacement de la borne et le tableau électrique. Mais s’il faut percer un mur, faire un cheminement de câbles via une tranchée dans le jardin pour aller de la maison au portail, ça risque d’être avantage. Et inversement, si la borne est vraiment collée au tableau, ça sera moins ».

Ce coût est tout de même amorti par une aide de l’État : le crédit d’impôt dont peuvent bénéficier les particuliers faisant installer une borne dans leur résidence principale et/ou secondaire. Alors qu’il était censé prendre fin au 31 décembre 2023, il a été prolongé et même augmenté, passant de 300 à 500 €. Pour en bénéficier, il faut répondre à certaines conditions à retrouver sur le site dédié du gouvernement.

Une fois la borne installée, les solutions clé en main comme celle de Lilian Birocheau restent présentes. « On accompagne le client pendant la durée de vie de sa borne en lui proposant des solutions d’exploitation ou de maintenance », affirme le dirigeant de ChargeGuru, start-up présente partout en France et désormais dans plusieurs pays d’Europe.

En copropriété : plus complexe, mais avec plus d’aides

En France depuis 2014, tout résidant d’un immeuble en copropriété, qu’il soit propriétaire de son logement, locataire ou occupant de bonne foi, dispose d’un droit à la prise. « On a le droit de contacter son syndic pour faire valoir ce droit. Mais seulement si vous avez une place de parking attitrée. Si la copropriété dispose d’un parking en placement libre, vous ne pourrez pas privatiser pour mettre un dispositif de recharge seulement pour vous », explique Sandrine Henry de l’Avem.

En vertu de ce droit à la prise, l’automobiliste peut donc demander à installer à ses frais une borne de recharge. Mais cela n’est pas forcément si simple : « Le problème de la recharge en immeuble, c’est d’abord qu’il peut y avoir des limitations techniques. Beaucoup d’immeubles ne disposent pas d’une infrastructure électrique collective. Ensuite, certains voisins peuvent vous reprocher de vous brancher sur les parties communes », relève Olivier Hamard, directeur général France de ZePlug, une start-up qui s’est spécialisée dans la fourniture de solutions de recharge dans les parkings d’immeubles.

La solution qu’elle propose est assez similaire à celle d’un opérateur de fibre : à la demande du syndic, ZePlug vient installer une infrastructure collective à ses propres frais : « ce sont des chemins de câbles et une armoire électrique pour piloter tout ça », indique Olivier Hamard. Une fois l’immeuble raccordé, chaque détenteur d’une voiture électrique peut demander l’installation d’une borne de recharge auprès de la société.

Pour l’installation de la borne, ZePlug communique sur un montant à partir de 759 €. Un prix qui comprend la déduction de deux aides : le crédit d’impôt de 500 €, et l’aide du programme ADVENIR qui peut atteindre 600 € par borne. Piloté par l’association Avere-France, ce programme créé en 2016 accompagne l’installation de bornes en immeuble collectif pour des particuliers, en entreprise, ou sur des parkings ouverts. Les conditions pour en bénéficier sont à retrouver sur son site.

Une fois la borne installée, par ZePlug ou un autre opérateur (le site Charge-In, évoqué plus haut, permet aussi de comparer les offres d’installateurs en copropriété), paye généralement un abonnement. Auquel il faut rajouter le prix de l’électricité. La borne étant reliée aux parties communes, elle n’est pas reliée à votre propre consommation. Dans le cas de ZePlug, cet abonnement commence à partir de 4,90 € par mois, et la consommation est calculée selon un tarif heures pleines / heures creuses. « On veut inciter les particuliers à se charger la nuit », justifie Olivier Hamard.

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